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Songdo IBD, Corée du Sud

Centre de contrôle U-City, Songdo IBD, Corée du Sud, IFEZ

Villes Nouvelles & Villes Intelligentes
La production de villes « durables » et « écologiques » par le numérique et l’automatisation,
réelle avancée ou simple outil de promotion ?
                                                                                   
                                                   
Le cas d'étude de Songdo, Corée du Sud

Article résumé du mémoire de recherche « Villes nouvelles et villes intelligentes : la production de villes « durables » et « écologiques » par le numérique et l’automatisation, réelle avancée ou simple outil de promotion ? Le cas d’étude de Songdo en Corée du Sud », écrit par Tristan Huguen dans le cadre du diplôme de spécialisation en architecture « Architecture et Projet urbain » à l’Ecole Supérieure Nationale d’Architecture de Paris-Belleville, 13 mars 2023

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Songdo IBD - Rita Lobo

               Présentée par la presse comme « ville 100% écolo », « ville futuristique où tout peut se faire à pied », ou encore « ville intelligente : figure de demain », Songdo en Corée du Sud bénéficie d’une médiatisation élogieuse pour son exploitation optimisée grâce au numérique et à la collecte de données. Smart city et ville nouvelle construite sur un polder en périphérie de Séoul, Songdo s’inscrit dans une lignée de projets urbains et immobiliers de grande ampleur, vecteurs d’innovations et d’expérimentations pour concevoir l’habitat idéal du XXIème siècle, en réponse aux problématiques urbaines, sociales et environnementales contemporaines. Peu connue du grand public et faiblement documentée en France, la ville fut d’abord critiquée pour son manque d’identité et d’âme, peinant à attirer de nouveaux habitants ce qui la qualifia de ville fantôme. Mais quarante ans après la naissance du projet, elle accueille aujourd’hui plus de 180 000 sud-coréens, cadres et étudiants étrangers, un pari presque réussi pour les investisseurs et autorités publiques locales qui ont su appuyer son caractère « écologique ».

Cependant, une vaste majorité de ces articles flatteurs s’arrête à une analyse superficielle des mécanismes qui font la ville, ne prenant en compte que l’impact de son exploitation et non pas celui de sa construction et sans entrer dans une étude chiffrée de la grande machine qu’est Songdo. Entre promotion mensongère, « green washing » et réelles avancées technologiques et spatiales, une analyse détaillée du métabolisme urbain de Songdo permet d’établir un bilan environnemental équilibré reflétant d’une part les stratégies employées bénéfiques comme ses échecs, et d’autre part l’envers du décor, un vaste jeu d’acteurs politiques et financiers à l’aube de la quatrième révolution industrielle.

 

               

               Rattachée à Incheon, troisième ville du pays à l’Ouest de Séoul intramuros, Songdo fut d’abord pensée comme une ville dortoir pour pallier à la pénurie de logement à laquelle faisait face les autorités locales à partir des années 1980. Alors dans une croissance économique et démographique fulgurante, la capitale sud-coréenne connait une des transformations urbaines les plus impressionnantes de la seconde moitié du XXème siècle, sa population intra-muros passant de 1 à 10 millions d’habitants en 50 ans et son aire urbaine accueillant aujourd’hui près de 25 millions d’habitants, la classant sixième plus grande mondialement. Le pays connait parallèlement un bouleversement politique à la fin des années 1980 après une série de régimes militaires répressifs. Dès lors, les gouvernements successifs vont chercher à intégrer le pays dans une dynamique de compétitivité internationale, libéralise son économie et développe une industrie de pointe pour conquérir les marchés asiatiques et occidentaux et attirer un plus grand nombre d’investisseurs étrangers. En 1992, le projet de l’aéroport international d’Incheon est validé, en périphérie de Séoul, construit sur un vaste polder en Mer Jaune. La côte Ouest du pays où l’étalement urbain tentaculaire, mêlé à la topographie montagneuse, réduit le nombre de parcelles disponibles pour le développement de sites à la hauteur des ambitions du pays. Cette côte, marécageuse et aux eaux peu profondes permet la construction relativement facile et peu couteuse de polders qui vont alors se multiplier. C’est dans cette dynamique que nait Songdo, un projet avant-gardiste de ville hyper moderne, destinée à devenir un des principaux pôles financiers du pays. Son centre, Songdo International Business District (Songdo IBD, parfois appelé Songdo International City) est dessiné par le célèbre cabinet Kohn Pederson Fox, réputé pour ces gratte-ciels. Le quartier qui s’étalera sur 6km2 (600ha) a aujourd’hui nécessité pus de 40 milliards de dollars d’investissement pour (presque) achever sa construction.

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Les « tanji » de Séoul, vastes ensembles de logements modernes – Tristan Huguen, 2020

               Le chantier de l’aéroport international débute et parallèlement, la nature de Songdo évolue. Elle s’inscrit à présent dans la création d’un triangle d’or avec les villes de Yeongjeong et Cheongna, un site de développement économique semblable à une nouvelle Singapour, attirant des investisseurs, avec notamment en 2003 la création d’une zone franche qui favorise l’implantation des entreprises et le libre-échange par une baisse des taxes. Le projet mute à nouveau en 2005 et 2007 : les outils de la « smart city » y seront intégrés, afin d’appuyer la position de la Corée du Sud comme pionnière en numérique et nouvelles technologies, élément essentiel de son économie et trait d’identité qui participe à l’essor de son tourisme.

Elle sera aussi écologique et durable, reflétant le souhait des investisseurs de produire une ville qui s’adapte aux aléas économiques et enjeux contemporains, après la crise financière de 2007. Cette création soudaine du caractère écologique de la ville dont la construction a déjà commencée depuis 3 ans soulève des doutes, mais ce sont les investisseurs du projets qui questionnent sur la sincérité de leur discours : le promoteur immobilier américain Gale International spécialisé dans des projets de grande envergure : stade, aéroports etc, Posco, le plus gros fabriquant d’acier du Pays à hauteur de 30% qui a ensuite assuré la construction des différents bâtiments et infrastructures, la Banque Morgan Stanley et enfin pour la conception des espaces, l’agence Kohn Pedersen Fox à Cisco System, spécialisé dans les réseaux et le traitement de données, élément structurant de la ville « intelligente ». Apparu au cours des années 1990, le terme de smart city est entré dans le langage commun à partir des années 2000. Bien que sa définition varie en fonction du contexte et des époques, elle est un dérivé de la ville durable, prenant en compte l’intégration du numérique et des technologies de l’information pour une optimisation des mécanismes qui font fonctionner la ville, comme un vaste organisme informatisé où tout peut être analysé et auto-régulé. Consommation de ressources et d’énergie, gestion des flux de personnes et de biens, gouvernance, économie, sécurité et qualité environnementale, la smart city s’intègre dans chaque strate de la ville à travers les nouvelles technologies.

               Après l’arrivée des premiers habitants en 2008, la ville peinera à séduire jusqu’aux années 2015 où la proportion d’appartements occupés augmente et ses rues s’animent. Ils sont habités par une population relativement aisée, attirée par l’offre de travail générée par les entreprises qui profitent de la zone franche et des loyers attractifs. Aujourd’hui la ville de Songdo compte plus de 180 000 habitants répartis sur 55km2 de polder. Son centre, Songdo IBD compte 65 000 habitants sur 6km2. Le chantier de Songdo IBD étant pratiquement achevé, elle devient l’exemple de smart city le plus abouti.

Comme ses contemporaines telles que Wedian, nouvelle capitale Egyptienne, Telosa aux Etats-Unis ou la très médiatisée The Line en Arabie Saoudite, la ville nouvelle de Songdo s’inscrit dans une dynamique de compétitivité entre territoires, d’innovations technologiques et de mutation de l’industrie. Alors qu’elles pourraient être de réels terrains d’expérimentation, elles adoptent des outils et morphologies urbaines globalement similaires à ce que nous connaissons aujourd’hui où seuls l’esthétique des bâtiments et les systèmes de transports varient, proposant de nouvelles manières de consommer, rarement de nouvelles manières d’habiter. Nous pouvons alors nous demander dans quelle mesure ces projets de villes nouvelles répondent réellement aux enjeux du XXIème siècle ou sont des gouffres reproducteurs d’erreurs passées, vecteur de croissance économique déguisée par un marketing attractif ?

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Wedian, nouvelle capitale égyptienne - Photographie de Ahmed Hassan, courrier international

L’analyse suivante est un résumé de mémoire de recherche, dressant un bilan environnemental de la construction et de l’utilisation de Songdo à travers l’étude de ses rouages. Il s’agit de percevoir la ville comme un vaste métabolisme où les organes, interconnectés, forment un réseau et un ensemble complexe de mécanismes. Pour comprendre ce métabolisme, nous pouvons le disséquer en étudiant chacun des organes qui le compose, en six domaines d’étude :

  • Sa construction : son squelette

  • Sa morphologie : sa chair

  • Son énergie : sa musculature

  • Son système de gestion des déchets : son système digestif

  • Son système de transport : artères, veines et canaux

  • Le numérique et les technologies de l’information, dans l’espace public et les logements : le cerveau qui régit l’ensemble

 

La représentation par coupes urbaines fut privilégiée pour leurs qualités esthétiques, la mise en valeur des mécanismes de la ville comme des atmosphères urbaines : du vacarme d’un espace public à la calme intimité d’un logement.

AnalyseSongdo

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Entre rêve et réalité

            Certains outils de la smart city relèvent davantage du gadget que d’une révolution écologique. Parmi eux le système de collecte automatique des déchets, onéreux et au bilan carbone de construction très élevé. Ou encore la domotique exagérée et démodée non utilisée dans les logements de la ville, participant à une production d’objets numériques éphémères toujours plus importante.

Le stockage des eaux de pluie et la présence du végétal dans la ville auraient pu relativement facilement être bien plus développés, cette dernière étant d’ailleurs biaisée par des espaces verts comptabilisés alors que non accessibles au grand public et accueillant peu de végétation comme le golf de Songdo. Cette thématique soulève la question de la perception et des connaissances du grand public, sur ce qui fait une ville « écologique » ou non, 50% de la population pensant à la présence d’espaces verts mais pas au revers de la pièce : les méthodes de construction du bâti, les matériaux employés etc, ni au type d’espaces verts implantés.

 

D’autres caractéristiques ont un impact plus mitigé et soulèvent de plus larges problématiques. Bien que la ville ait tenté de développer ses énergies renouvelables, elle a vite été rattrapée par la réalité du terrain et de son climat : le solaire ne peut satisfaire les besoins de la ville, tout comme les éoliennes de petite échelle, et la création de barrages en mer génèrerait d’autres problèmes environnementaux importants. La géothermie fonctionne mais n’est pas suffisante également, les autorités se sont donc repliées sur les centrales à gaz habituelles en Corée du Sud. La construction du polder a généré une empreinte carbone et une destruction d’écosystèmes locaux importantes, mais à nouveau, aurait-il été préférable de densifier Séoul déjà compacte et tentaculaire, ou construire sur des terres au cœur du territoire en accentuant l’étalement urbain ? Dans un pays montagneux de 52 millions d’habitants mais cinq fois plus petit que la France, les terres sont d’autant plus précieuses.

La faible différence d’utilisation du vélo entre Songdo et Séoul malgré les pistes cyclables (sans dénivelé) plus développées dans la smart city révèle l’importance des habitudes de vie et de l’évolution culturelle progressive qui s’établit dans nos sociétés. L’offre ne suffit pas à provoquer la transition.

 

Enfin, d’autres caractéristiques seraient à développer davantage mais constituent une base prometteuse d’un point de vue environnemental. Parmi eux le recyclage des matériaux de construction et des déchets de chantier, l’isolation poussée des bâtiments, un métro basse consommation, la création de centrale mixe chauffage-électricité augmentant le rendement énergétique ainsi que la gestion du traffic routier via une analyse et un traitement en direct qui permettent de diminuer fortement la congestion automobile.

 

 

Bien que la ville affirme émettre 30% de carbone en moins que la moyenne internationale pour des gabarits similaires, grâce à son (relatif) mix énergétique et à la gestion du traffic routier, il faut d’une part insister sur l’empreinte carbone de la construction qui n’est pas prise en compte, et d’autre part sur la consommation électrique par habitant.

L’isolation des bâtiments et l’adaptation de la luminosité sur les cheminements piétons ne suffit pas à faire diminuer la consommation électrique globale de la ville.

La consommation moyenne d’un habitant de Séoul est de 4 405 kWh/an

La consommation moyenne d’un habitant de Songdo est de 5 600 kWh/an

Sources : donnees.banquemondiale.org, seoulsolution.kr

 

En 2013, la consommation de gaz naturel par habitant était identique dans les deux villes, montrant la faible part du renouvelable dans le mix énergétique. À titre indicatif, la consommation moyenne par an et par habitant est également de 5600kWh à Paris, 9000kWh pour un francilien habitant dans une maison individuelle, 10 500 kWh pour la moyenne sud-coréenne.

 

 

Cette différence de 27% s’explique d’une part par les aménagements de la ville : centrale de collecte, pompes d’alimentation du canal, hauteur des bâtiments, plus faible densité. D’autre part, elle s’explique par la population en moyenne plus aisée qui y vit et qui donc, peut consommer davantage.

Songdo, pour qui ?

Relaté par Philippe Mesmer dans Le Monde, les employés de l’IFEZ (Incheon Free Economic Zone) affirment ne pas pouvoir se loger dans la ville dont ils gèrent le fonctionnement et investissements au quotidien.

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Canal de Songdo - KPF

En effet, la ville se veut comme un espace rassemblant les élites afin d’attirer habitants et investisseurs étrangers : les meilleures entreprises et laboratoires de recherches (notamment dans la technologie), les meilleures universités avec l’ouverture des campus de Gand (Belge), Yonsei et Chadwick (cursus américain à 35 000 dollars par an). Sans programme de logements sociaux et dans une nécessité de rentabiliser son chantier pharaonique, la ville est réservée à la part aisée de la population sud-coréenne.

Bien que moins chère que le centre de Séoul (prix du m2 à l’achat moyen : 21.9 millions de wons / 15 900 euros), avec ses 12 millions de wons (8 800 euros) par m2, Songdo est bien supérieure à la moyenne nationale (3.8 millions de wons/2 800 euros). Les loyers suivent la même dynamique.

 

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« Voici les organismes qui vivaient autrefois dans les marais de Ganghwa »

Caricature - A Conflict of Greens: Green Development Versus Habitat Preservation – The Case of Incheon, South Korea, Yekang Ko, Derek K. Schubert, Randolph T. Hester, Avril 2011

Le chantier de la ville a également reçu son lot de polémiques. Parallèlement à la destruction du paysage existant, les pêcheurs locaux durent quitter les lieux et n’ont jamais reçu l’indemnité qui leur a été promise.

 

Ce schéma financier est commun à la plupart des projets de villes ou quartiers nouveaux à travers le monde, notamment lorsque financés par des investisseurs privés. Ces projets se doivent d’être le miroir de la réussite économique et/ou culturelle du pays et ce, à tout prix.

L'importance du contexte et de la nuance

Le bilan énergétique et environnemental de Songdo s’avère être loin des promesses faites par les autorités locales. Cependant, nous ne pouvons pas uniquement blâmer les élus et investisseurs sud-coréens pour la construction de Songdo ; lors du lancement du projet dans les années 1980, la question écologique commençait à émerger mais était loin d’être présente dans le débat public quotidien. La notion de smart city bas carbone est d’ailleurs entrée au cours du projet, comme pour « se rattraper » et se raccrocher à l’ère du temps. Nous pouvons imaginer que l’aspect écologique de la smart city n’est qu’un élément marketing attractif pour les investisseurs et industries technologiques mais à minima, les concepteurs de la ville ont expérimenté sur toutes les facettes qui forment une ville et font avancer le débat sur ces sujets complexes.

Parallèlement, même si la population sud-coréenne tend à décroitre aujourd’hui, elle sortait tout juste dans les années 2000 d’une croissance démographique impressionnante. En 1960 le taux de fécondité était 2.3 fois plus important que celui de la France (6.1/2.74).

20 ans plus tard, face aux problèmes de congestion et d’étalement urbain que connaissait Séoul, il était normal que les autorités cherchent de nouvelles solutions urbaines.

De plus, la ville est encore actuellement en mutation : de nombreux immeubles sont en cours de construction en périphérie et les autorités locales annoncent vouloir diminuer l’empreinte carbone de Songdo de 40% d’ici 2040. L’évolution et le fonctionnement des mégapoles s’analysent sur plusieurs décennies, par ailleurs, l’expérimentation urbaine à grande échelle fait appel à une immense quantité de paramètres et acteurs, où les compromis et erreurs sont inévitables.

Nous pouvons à l’inverse reprocher aux médias courants de ne réaliser que des analyses superficielles de Songdo et de ses mécanismes, répétant les mêmes données non vérifiées et non sourcées.

Quels avenirs pour Songdo et les Smart-cities ?

               Bien que Songdo ait réussi à attirer de nouveaux habitants qui peuplent à présent son centre-ville, ces derniers soulèvent toujours le manque d’âme et d’identité qui en émane.  Nous pouvons regretter que de nouvelles formes urbaines n’y ont pas été développé, de nouvelles manières radicales d’habiter l’espace en ce début de XXIème siècle. À la place du central Park américain, des boulevards parisiens et des canaux vénitiens, auraient pu se créer un réel lieu d’expérimentation morphologique et fonctionnel. « Etrange » ou « trop propre » sont des termes employés par les visiteurs qui traversent ses avenues rectilignes, où les marchés extérieurs et stands de street-food n’ont pas leur place dans l’espace public.

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Photographie aérienne de Songdo - IFEZ

             

                Le caractère « smart city » est par ailleurs largement promu à l’étranger pour accentuer la réputation de la Corée du Sud comme pionnier de l’expérimentation dans le domaine du numérique, et pour attirer des investisseurs ou entreprises internationales. Mais en Corée du Sud et notamment à Séoul où les technologies sont déjà omniprésentes au quotidien, ce caractère « smart » ne séduit pas suffisamment et ne procure pas à Songdo l’identité qu’elle cherche. À l’inverse, les médias locaux insisteront davantage sur la qualité de vie, la présence d’universités prestigieuses et l’offre culturelle grandissante.

 

Songdo reste néanmoins une ville à observer de près dans les années et décennies à venir. Si elle se donne les moyens à hauteur de ses ambitions, en développant et en accentuant ses mécanismes déjà en place, elle pourrait apporter de réelles solutions pérennes à certains enjeux urbains du XXIème siècle ou a minima, permettra de trancher sur les stratégies qui ne fonctionnent pas.

 

L’analyse de Songdo et des smart city de manière globale soulève les contradictions de leurs ambitions. Promues comme « durables » et « écologiques », elles participent à une production et une consommation toujours plus importante du numérique dont l’impact sur l’environnement augmente drastiquement à travers le monde. Le recours aux énergies renouvelables locales affiche ses limites liées au climat mais surtout ne peuvent pas subvenir à l’ensemble de la demande si la consommation électrique augmente parallèlement. Ces réflexions s’intègrent dans le débat plus vaste d’une possible croissance verte, aujourd’hui largement démentie car faisant appel à des ressources limitées. Pour que les métropoles soient vraiment « smart », elles doivent également participer à une sensibilisation de ses habitants et des mécanismes territoriaux auxquels ils font appel au quotidien.

 

Le « smart » est le nouvel outil permettant aux villes de générer une croissance économique, quand bien même il n’y a plus la place de construire, en ce début de quatrième révolution industrielle. En 2022, le marché des smart city était évalué à 1 273 milliards de dollars, censé atteindre 7 200 milliards de dollars en 2030.

 

Dans quelle mesure un équilibre est-il envisageable ? En quoi les outils « intelligents » pourront réellement permettre de diminuer l’impact environnemental des villes ? L’étude des nombreux projets en cours de développement et le suivi de Songdo dans les années à venir nous le dira.

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Centre de contrôle U-City, Songdo IBD, Corée du Sud, IFEZ

Pour accéder à la bibliographie complète:

Tristan Huguen, 2023

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