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Songdo IBD - Construction

Coupe urbaine analytique, Tristan Huguen

La transformation du littoral

               Les montagnes recouvrant près de 80% du territoire sud-coréen, et les côtes, à l’Est comme à l’Ouest étant déjà très construites, les polders permettent de façonner un bout de territoire plat et donc facilement aménageable, ainsi que des économies financières.  Mais jamais un chantier d’une telle ampleur n’avait eu lieu dans l’histoire du pays, ni dans le monde ces 30 dernières années.

La côte Ouest facilite ce type de transformation, celle-ci étant largement couverte de marais salés peu profonds, à l’inverse de la côte Est où les montagnes s’arrêtent brutalement, souvent sous la forme de falaise.

En se référant à l’analyse de la construction de la digue de Saemangeum* plus au sud, il possible d’estimer le bilan carbone de la construction des digues de Songdo. En comparant le système constructif, la quantité de roche et de gravas ainsi que les dimensions des digues, nous pouvons définir que la construction des 14km de digues de Songdo IBD a généré environ 239 000 tonnes.

 

 * Geotextile tubes as rockfill replacement for construction of polder dike at Saemangeum, Korea, Tack Weng Weng Yee, L.K. Lim, Ter Harmsel, J.C. Choi, researchgate.net, Janvier 2014

 

 

Ainsi, pour la seule construction des digues de Songdo IBD, les émissions de CO2 représentent l’équivalent de l’émission moyenne annuelle de 19 700 sud-coréens (2021, countryeconomy.com).

 

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Constructions des digues et du polder de Songdo IBD (1998-2003) (Google Earth)

Une fois les digues construites, commence une triple action : le drainage de l’eau située entre les digues, le dragage du sable qui servira de socle au futur sol de la ville puis le compactage de ce sable avec différents types de presses. Dans le cas de Songdo IBD, 500 millions de tonnes de sable ont été draguées ce qui représente environ 333 millions de m3. C’est comme si l’on recouvrait l’ensemble de Paris intra-muros de 3m30 de sable.

Un autre impact écologique qu'il est nécessaire soulever est l’impact sur les écosystèmes existants. Un premier élément quantifiable est la quantité de CO2 relâché par extraction, dragage et nivellement des sols. De manière générale, les marais, notamment les marais salés côtiers ont tendance à stocker plus de carbone, c’est notamment le cas en Corée du Sud, où les marais de Songdo stockent en moyenne 80 tonnes de carbone par hectare, là où la moyenne de Séoul est de 35, soit un rapport de 2.28. (Sources ci-dessous)

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Assessing the Carbon Storage of Soil and Litter from National Forest Inventory Data in South Korea, Sunjeoung Lee, Seunghyun Lee, Joonghoon Shin, Jongsu Yim, Jinteak Kang, 10 décembre 2020

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The first national scale evaluation of organic carbon stocks and sequestration rates of coastal sediments along the West Sea, South Sea, and East Sea of South Korea, sciencedirect.com

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Enfin, le dernier paramètre non quantifiable est l’impact sur les espèces animales. La destruction des marécages sur la côte et au bord du fleuve a un impact lourd sur la vie aquatique et les oiseaux migrateurs, très nombreux à l’automne en Corée. A l’inverse, l’étalement urbain sur les forêts de Séoul a un impact sur les mammifères de différentes tailles.

Dans les deux cas, l’étalement urbain vient troubler des équilibres mais dont l’importance n’est pas quantifiable car ils sont entremêlés dans un système complexe. 

Anciens marécages, lieux de passage des oiseaux migrateurs

Tim Edelsten, décembre 2003

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Coupe urbaine analytique, Tristan Huguen

Le choix du site et des méthodes de fondation de la ville ainsi que la création du polder de Songdo révèle une impasse pour les territoires déjà densément construits ou au terrain escarpé. Le terrassement et la construction de Songdo a globalement un impact carbone plus lourd que celui d’une ville classique comme Séoul, mais d’autres éléments non scientifiquement comparables sont à prendre en compte.

Aurait-il été préférable de densifier Séoul qui est déjà surpeuplée ? Ou alors l’étendre en périphérie en rasant des forêts de montagne ? 

Pour poursuivre la lecture:

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Pour accéder à la bibliographie complète:

Tristan Huguen, 2023

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